Besoin d’aide avec votre script?

Cette équipe intrépide d’analystes informatiques accourt pour les chercheurs et chercheuses du Québec.

 

Daniel Stubbs et Sofia Fassi Fehri sont aux premières lignes pour les chercheuses et chercheurs.

« Souvent, les problèmes qu’on gère ressemblent à un roman policier », déclare Daniel Stubbs, coordinateur du soutien de première ligne pour les utilisateurs de Calcul Québec.

Les étudiants des cycles supérieurs en quête d’un diplôme voient probablement peu l’aspect romantique de la chose. Leurs recherches, impliquant d’énormes quantités de données et des algorithmes complexes, peuvent prendre des mois à calculer sur un ordinateur portable, toujours en marche, les ventilateurs qui tournent à plein régime. Les superordinateurs de Calcul Québec peuvent les compléter en quelques jours, ce qui ne les rend pas moins stressants pour autant. 

« Quand ton vrai travail c’est d’être biologiste, chimiste, physicien ou géographe, explique Daniel, l’utilisation d’un superordinateur peut être une affaire assez mystérieuse et obscure. On peut leur pardonner quelques fautes de frappe ou une certaine déconcertation face à un message d’erreur ou à une tâche qui fonctionne plus lentement que prévu. »

« Le but est d’être capable de faire le pont entre le côté recherche et le côté informatique », précise Maxime Boissonneault, chef d’équipe du soutien à la recherche chez Calcul Québec et l’Alliance de recherche numérique du Canada. 

Ce pont, c’est Daniel et Sofia Fassi Fehri en première ligne, avec Maxime qui s’occupe de tâches plus larges comme la formation, la documentation et l’installation de logiciels. Daniel et Sofia résolvent des « tickets » (du logiciel de gestion de tickets qui leur envoie des demandes d’aide), mais certains utilisateurs les appelleraient plutôt des catastrophes. Les problèmes traités peuvent soit être anodins ou tourner en un très long jeu de meurtre et mystère.

« Il y a des tickets d’ouverture ou de renouvellement de comptes, explique Sofia, des problèmes récurrents avec toujours la même réponse. »

D’autres fois, un seul ticket peut prendre des heures, voire des jours. « Il faut enquêter, interroger les gens, découvrir ce qui s’est réellement passé, pour finalement comprendre ce qui a tué le script », dit Daniel.

Le script d’une tâche décrit le logiciel nécessaire au projet d’un utilisateur et les arguments ou paramètres pour son exécution. Comme Calcul Québec compte beaucoup plus d’utilisateurs que de ressources, ceux-ci soumettent un script plutôt que d’employer le matériel de façon interactive, comme en double-cliquant sur une icône. Un programme de planification exécute la tâche lorsque les ressources deviennent disponibles, et l’usager se croise les doigts pour obtenir des résultats qui feront l’objet d’un article dans un journal scientifique. Cependant, souvent le travail ne fonctionne pas, le logiciel ne s’installe pas ou les résultats sont insatisfaisants.

Maxime Boissonneault, responsable du service à la recherche, s’occupe de tâches plus larges.

Le problème peut être aussi banal qu’une virgule manquante. « Quand on a vu mille scripts similaires, dit Daniel, ça saute aux yeux. » Mais certains cas nécessitent de fouiller un peu, de trouver le bon programme, de discuter avec des collègues ou des gestionnaires de grappes de calcul, de réaliser des diagnostics élaborés ou de contacter le fournisseur du logiciel. « C’est souvent un petit casse-tête », dit Sofia.

« S’il y a une demande à laquelle on ne peut pas répondre, dit-elle, on redirige le ticket vers la personne qui peut. » 

Daniel et Sofia sont formés en mathématique et en programmation, mais certains tickets requièrent une expertise dans un domaine précis, comme la chimie ou l’astrophysique. Heureusement, au moins une personne parmi leurs quelques 200 collègues au Québec et au Canada risque d’avoir l’expérience nécessaire avec un type de logiciel ou des compétences de base dans une certaine discipline. C’est souvent Maxime qui prend la charge de trouver cet individu. Le travail d’équipe devient alors essentiel, car chaque question peut être trop lourde à gérer pour une seule personne. 

« Avec la bonne personne, dit Daniel, on peut résoudre le problème en dix minutes. Sinon, on peut passer des jours sur la mauvaise piste. »


La meilleure partie du métier

Pour Sofia, travailler pour Calcul Québec lui permet de suivre sa passion. Au printemps dernier, elle a été recrutée pour s’entraîner avec l’équipe nationale féminine de basket en fauteuil roulant. « Ça prend beaucoup de temps avec l’équipe nationale, mais ils arrivent à m’accommoder pour faire les deux. »

Les trois analystes s’accordent toutefois pour dire que l’un des plus grands avantages est le contact avec les scientifiques.

« On est proche des chercheurs de toutes les disciplines », dit Maxime. 

« [Les problèmes] sont généralement très intéressants », dit Daniel. « Ils viennent de domaines que je ne connais pas du tout. » 

« J’aime interagir avec les personnes des sciences humaines », ajoute-t-il. « Il n’y en a pas beaucoup, mais ils posent souvent des questions très intéressantes. La façon dont ils perçoivent un superordinateur est fréquemment très différente de la mienne ou peut-être de celle de la plupart de nos utilisateurs. »

Sofia s’est même découvert un intérêt pour la bio-informatique. « Je voyais beaucoup de tickets là-dedans et j’ai commencé à regarder », dit-elle. Elle y étudie désormais à temps partiel.

Somme tout, comme le dit Maxime, le but « c’est d’avoir la possibilité d’être impliqué avec les chercheurs et qu’on apporte une contribution à la science. »